1 – Premières tentatives

De nombreux essais ont été tentés pour envahir l’Angleterre, et ce, depuis l’Antiquité. La France comme puissance navale se développe sous Louis XIV mais c’est sous le règne de Louis XV que naîtront les premiers projets d’invasion de l’Angleterre. Neutraliser L’Angleterre est une nécessité mais le roi ne voit comme projet possible qu’un débarquement. Cette tentative est connue sous le nom « d’Expédition particulière ». Ce n’est pas le premier projet du genre, puisqu’une quinzaine d’années auparavant, une première tentative avait eu lieu, qui s’était soldée par un échec. De nombreux points faibles, dont l’aspect financier n’est pas le moindre, vouent à l’échec cette seconde tentative. Vingt ans après, sous le règne de Louis XVI, un autre projet est mis au point, en 1777. Déjà à ce moment-là une alliance avec l’Espagne est envisagée, et « mise au point » avec les mêmes conséquences qu’en 1805 : un échec absolu.

A la Révolution, l’état de la marine est déplorable, peu de navires restent en état, ce qui devient un problème en 1793 quand la guerre est déclarée entre la France et l’Angleterre. En 1794, le gouvernement étudie un autre projet d’invasion de l’Angleterre mais l’abandonne aussitôt, faute de subsides. C’est à ce moment-là que l’ingénieur Forfait, créateur des navires de la flottille de 1803, apparaît pour mettre au point et modifier les bateaux plats dont les plans ont été fournis par Muskeyn, un officier flamand, qui vient d’arriver en France après avoir quitté la Suède. Bien que Forfait mesure son enthousiasme, il changera d’avis quelques années plus tard, portant aux nues les bateaux plats, comme moyen « infaillible » d’invasion de l’Angleterre. Il convertit Bonaparte à ses idées en 1798, quand un autre projet d’invasion est sérieusement étudié, pendant plusieurs mois. Finalement et pour les mêmes raisons qu’en 1794, le projet sera abandonné, mais restera la base des tentatives qui suivront, en 1801 et 1803-1805. Bonaparte pense qu’il faut « trente millions », « de bons officiers de marine, beaucoup de troupes, un bon amiral ». Ce seront les termes récurrents des projets d’invasion ultérieurs. C’est aussi en 1798 que Forfait concevra les modèles qu’il modifiera par la suite et mettra au point pour les futurs bateaux de la flottille de 1803-1805. Les projets d’invasion seront mis en sommeil pendant trois ans, Bonaparte étant envoyé en Egypte, comme général en chef de l’Armée d’Orient… Mais tout changera à partir de novembre 1799, à son retour d’Egypte. Après le coup d’Etat du 18 Brumaire, il repensera à Forfait et en fera son ministre de la marine.

 

2 – Intoxication

Forfait devenu ministre s’attache à réformer la marine. Pendant le temps de son ministère, à peine deux ans, il crée les préfectures maritimes, réorganise les ports et les constructions navales, et toute l’administration. 

On en est là quand en février 1801, Bonaparte reprend l’idée d’un débarquement en Angleterre, juste après la signature du traité de Lunéville qui confirme les clauses de celui de Campo Formio.

La flottille de 1798 a été désarmée depuis longtemps, et il reste peu de bateaux. Ceux qui restent sont en piètre état. Mais Bonaparte n’a pas abandonné l’idée d’envahir l’Angleterre, et ordonne la construction de 213 bateaux canonniers et 36 chaloupes canonnières. Le 10 mars 1801, il promulgue un arrêté créant la flottille d’invasion «légère », répartie en 12 divisions, commandée par Latouche-Tréville, lequel reste le seul amiral qui accorde au projet un véritable crédit. La plupart des amiraux pensent que si la flottille peut être utile à titre auxiliaire, elle n’est pas suffisante à elle seule pour envahir l’Angleterre, ce qui est d’ailleurs l’avis de Nelson : « cette histoire de bateaux peut faire partie d’un plan d’invasion, mais ne peut en constituer un à elle seule » écrira-t-il. Mais Bonaparte envisage l’invasion comme une hypothèse de travail, et pas comme le projet final. Ses instructions à Latouche-Tréville en mentionnent la possibilité, mais sans plus. Pour lui, la flottille ne doit servir officiellement qu’à la protection des côtes et combattre l’ennemi en cas d’attaque. 

Latouche-Tréville va s’atteler avec enthousiasme à la tâche.  Il est en effet persuadé que ce projet concerne réellement une invasion de l’Angleterre et personne ne le détrompe. Au printemps 1801, il donne les ordres pour la construction des bateaux de la flottille et leur ordonnancement dans les ports. Il organise les troupes devant embarquer, les équipages des navires, ainsi que les manœuvres d’embarquement et de débarquement. Fin juin, il dispose de 80 bateaux plats. Il fait aussi créer trois petits camps, des forts pour la défense des côtes, et fait réparer les ports. 

En fait il va tellement croire à l’invasion de l’Angleterre que ses préparatifs vont accréditer en Angleterre l’idée effective d’un projet d’invasion. Nelson, au mois d’août, sera dépêché par le gouvernement pour neutraliser la flottille dans le port de Boulogne. Et contre toute attente, il va échouer, par deux fois, les 4 et 16 août. Ce double échec de Nelson galvanise Latouche-Tréville, et enthousiasme la population. Côté britannique, l’inquiétude croît, la population n’aspire plus qu’à la paix et Bonaparte a parfaitement réussi sa manœuvre : faire croire au projet d’invasion. Il en sera d’autant plus fort quand il s’agira, en octobre, de signer le traité préliminaire à la paix entre l’Angleterre et la France, qui sera le prélude au traité d’Amiens. 

La flottille est désarmée en octobre 1801. Le traité d’Amiens est signé le 25 mars 1802. Forfait a perdu son poste de ministre, et est remplacé par Decrès. Bonaparte continue de s’intéresser à la flottille d’invasion, et consulte le peuple pour savoir s’il sera ou non Consul à vie. La paix, toute relative, entre la France et l’Angleterre ne durera que quatorze mois.

 

3 – 1803 – 1805

Une nouvelle flottille

La paix semble revenue et la situation politique en France est stabilisée. Mais la situation va s’envenimer, très vite, et en mai 1803, les deux nations sont de nouveau en guerre. Bonaparte a fait réarmer la flottille dès le mois de mars, dans le plus grand secret, selon un projet très ambitieux, puisque son plan prévoit la construction de deux flottilles, à Dunkerque et Cherbourg, comprenant 100 chaloupes et 500 bateaux canonniers. A ce moment-là la guerre n’est pas encore déclarée, mais tout est fait en France pour s’y préparer.

Outre la construction d’une nouvelle flottille, Bonaparte réarme l’ancienne flottille en piteux état. Plusieurs rapports font état du mauvais état général des bateaux restants, de leurs mauvaises qualités nautiques et du coût exorbitant des réparations. Bonaparte accélère alors les constructions, et dès le mois de mai, à la déclaration de guerre, donne des instructions pour accélérer les constructions… Forfait est alors nommé inspecteur général de la flottille.

Entre juin et août les plans de Bonaparte seront de plus en plus ambitieux, puisqu’il demande plus de 2000 bateaux le 22 août. Il prévoit dès le départ une flottille de guerre et une flottille de transport. Et dès le début il organise la flottille, selon des instructions qui ne cesseront de changer entre 1803 et 1805. Les divisions changeront de composition au fur et à mesure.

Les premières instructions, précises, datent du 21 juillet 1803. Elles organisent à la fois les constructions, l’organisation des ports, celle de la vie dans les camps, jusqu’aux uniformes.  Quant  à la flottille de transport, elle est divisée en quatre sections, dont une pur l’artillerie et une pour les écuries, le tout tenant sur 693 bateaux, au départ. Les constructions des différents modèles de bateaux plats se poursuivront pendant les deux années qui vont suivre. En juillet 1805, on comptera  pour la flottille de guerre 972 bateaux plats dont 17 prames, 2 bombardes, 346 bateaux canonniers, 259 chaloupes canonnières, 329 péniches et 19 caïques, pour la flottille batave, 55 chaloupes canonnières bataves, 207 bateaux canonniers hollandais et pour la flottille de transport 9 paquebots, 85 corvettes de pêche, 630 transports divers et 224 navires de pêche. Le tout pouvant porter en théorie 161 304 homes et 8 827 chevaux.

Au fur et à mesure des constructions, Bonaparte, conscient de l’état des ports et de leur capacité insuffisante, va initier sous l’égide de l’ingénieur Sganzin, des travaux très importants et ruineux. Ils vont concerner non seulement la remise en état et la modernisation de certains ports, mais aussi la création ex nihilo d’autres ports comme Wimereux, et la défense des côtes par des batteries, que les Britanniques jugeront très efficaces, et qui sera connue sous le nom de « Côte de Fer ».

 

Finances

Toutes ces constructions ont un coût. Dès le départ, des arrêtés sont promulgués pour le financement de la flottille, la construction et la remise en état des ports et des batteries. Le financement reste néanmoins une donnée difficile à quantifier, le budget alloué à la flottille n’étant pas forcément distinct de celui de la marine. Il faut rajouter au financement par l’Etat de nombreuses contributions par souscription. Le compte précis est très compliqué à établir, car il est composé de contributions et d’impôts de différentes années, collectés selon des modalités très variées. Entre l’an XI et l’an XII, un nombre très importants d’arrêtés seront pris pour entériner les dons par souscription des municipalités et départements en faveur de la construction des bateaux de la flottille. On considère qu’entre 12 et 15 millions de francs ont ainsi été effectivement récoltés sur deux années par les souscriptions particulières.

Entre le budget de l’Etat et celui des souscriptions, et si on compare le coût de la flottille à celui de vaisseaux de ligne, ce sont environ trente vaisseaux qui auraient pu être construits. La plus grande partie des dépenses de la marine de l’an XI va concerner l’armement et la construction des bateaux plats. Celles de l’année suivante seront englouties par les travaux dans les ports existants et la construction de nouveaux ports, Napoléon demandant à l’amiral Bruix en août 1803 : « où placera-t-on tous ces bateaux ?»

 

Les ports

En 1803, les ports de la Manche en état de recevoir la future flottille d’invasion sont rares, pour la plupart en mauvais état, et tous nécessitent de lourds travaux d’aménagement. Ils sont aussi  très peu nombreux. Boulogne, Calais, Etaples, Dunkerque et Ambleteuse, sont les ports les plus aptes selon Bonaparte, bien que nécessitant TOUS des travaux. En 1803, de grands chantiers sont mis en route pour moderniser les ports existants, les agrandir et lez rendre aptes à contenir la flottille. A ce moment-là, Bonaparte est certain de débarquer fin 1803, c’est une des raisons pour lesquelles les travaux sont ordonnés tous azimuts, avec une débauche de finances et de moyens qui ne sera plus égalée ensuite, jusqu’à la fin de l’Empire. L’année 1803 verra, outre la modernisation et l’agrandissement du port de Boulogne, des travaux à Dunkerque, Cherbourg, Flessingue, Etaples, Ambleteuse. Les ports existants, bien qu’en cours de travaux pour les agrandir et contenir les bateaux de la flottille, toujours plus nombreux, ne sont pas suffisants pour Bonaparte : il décide donc de construire un autre port, ex nihilo, Wimereux, et un arrêté est pris pour sa construction le 21 octobre 1803. Bonaparte ne doute de rien puisque tout doit être fini six semaines seulement plus tard. Le plan initial comprenait la construction d’un chenal, de jetées, d’un bassin, et la création de digues. Il est inauguré quatre mois plus tard seulement, et déclaré apte au mouillage. 

Finalement, la situation des ports en juillet 1805 est la suivante : Boulogne a été considérablement agrandi et modernisé, on compte 3 kilomètres de quais. Wimereux est plus ou moins terminé, Ambleteuse, Etaples, Calais, Dunkerque sont aménagés ; Ostende lui-même est complètement laissé à l’abandon après des travaux d’aménagement finalement laissés en suspens puis totalement délaissé. Les « débris du camp d’Ostende » serviront pour les autres ports. Il était bien situé mais n’avait que de faibles défenses. On y construira néanmoins des batteries. Flessingue est aménagé dès le départ et compte comme un des ports de rassemblement en Hollande. Les ports depuis Flessingue jusqu’à Etaples, nécessitent cependant une ligne de défense continue et des camps terrestres, pour y loger tous les militaires qui devront un jour débarquer. Le camp terrestre de Boulogne ne suffit pas, d’autres camps devront être créées ou aménagés au même titre que les ports. Ce sera également le cas des batteries terrestres, prévues pour soutenir la flottille et défendre les ports, qui impressionneront les Anglais au point qu’ils leur donneront le surnom de « Côte de Fer ».

 

Les forts, les batteries et les camps.

Dès la déclaration de guerre, Bonaparte remet en état les batteries existantes en fait construire de nouvelles. Il fait aussi construire des forts avec énormément de difficultés ; outre les attaques incessantes, il faut creuser les rochers, interrompre le travail en mauvaise saison… Pour protéger les forts en construction, on construira des batteries flottantes, et des batteries mobiles. En tout, 17 forts seront construits, qui défendront très efficacement la côte.

On réactive aussi la ligne d’embossage. En septembre 1804 elle est formée d’environ 130 bâtiments. Elle sera modifiée à plusieurs reprises, selon les saisons, et les changements de plans successifs de Napoléon. 

Les constructions navales et les ports étant organisés, Napoléon s’occupe de loger les troupes. Il fait construire des camps, organisés comme d’immenses casernes avec un état-major pour chaque camp. Trois camps immenses sont ainsi construits. Il y aura le camp dit « de Droite » : Ostende et Nieuport, le « Camp du centre » : Graveline, Dunkerque et Calais, et le « Camp de gauche » de loin le plus important : Ambleteuse, Boulogne, Wimereux et Etaples. Chaque camp caserne des régiments spécifiques dans des baraques, et finissent au bout de deux ans à ressembler à de petites villes. Un certain nombre de problèmes apparaissent, les maladies, le manque de tout, médicaments, couvertures, de munitions. 

En avril 1805 le camp d’Ostende a été abandonné et les troupes et bateaux sont tous transférés à Ambleteuse. Mais en août, les effectifs du camp de Boulogne deviennent la Grande Armée et le 26 août, celle-ci quitte Boulogne pour l’Autriche.

 

1804

En 1804, tout est organisé, mais de multiples modifications vont être décidées par l’Empereur. Outre que ses desiderata ne correspondent pas aux états réels des bateaux de la flottille, Napoléon réorganise sans fin ses divisions de bateaux sur le papier, crée également des escadrilles. Pour avoir une idée exacte du nombre de bateaux dans les ports, il  faut se reporter aux états de la flottille transmis par les camps. On a ainsi en avril 1804, 75 chaloupes canonnières, 268 bateaux canonniers, 133 péniches, 410 transports, pour un total général, toutes embarcations confondues, de 1139 bateaux… Bien loin des 2008 bâtiments souhaités en août 1803. Mais en juillet, le nombre de bateaux a évolué, pour un total de 1417 bâtiments.

En 1804 a lieu également la première remise des Légions d’Honneur au camp de Boulogne. Tout autant qu’une cérémonie fastueuse, c’est une opération de propagande impériale, qui sera largement relayée par la presse. L’Angleterre organise alors toute une série d’attaques pour détruire la flottille en rade comme en 1801, ou en manœuvres. Pas moins de sept attaques auront lieu en 1804, avec plus ou moins de succès. Début octobre, les attaques anglaises se diversifient par l’envoi de brûlots. Les attaques britanniques ne cesseront pas en 1805, d’autres attaques dites « anti-conventionnelles » auront lieu contre la flottille en rade, et ce, même après la levée du camp de Boulogne, le 26 août 1805. 

La nouvelle donne politique de septembre 1804, avec la rupture des relations diplomatiques entre la France et la Russie change la situation. La flottille n’est plus une force d’invasion. En octobre, la guerre est déclarée entre l’Espagne et l’Angleterre, et janvier 1805 verra la signature du traité d’alliance entre la France et l’Espagne, prélude aux opérations navales de 1805.

 

1805

L’alliance espagnole est un problème dès le départ puisque les navires sont lourds, lents, et manquent de tout, et surtout de rations et d’équipages. En mars 1805, Napoléon change de stratégie, puisque la flottille passe au second plan. Son projet est d’attirer la flotte britannique le plus loin possible pour avoir les coudées franches pour l’invasion de l’Angleterre. Bien que conscient de la faiblesse de la marine franco-espagnole, il minimise l’importance de la marine britannique.

Le plan de Napoléon a de multiples faiblesses, et laisse la part belle au hasard et à la chance. Plusieurs escadres commandées par Villeneuve et Missiessy doivent appareiller, se rejoindre puis joindre l’escadre espagnole et celle du Ferrol, débarquer des hommes à la Martinique. L’organisation de cette « course à la voile » censée faire diversion dans le but d’envahir l’Angleterre est soumise comme pour la flottille aux changements de plans successifs, aux aléas de la météo, aux combats et surtout aux retards accumulés. Les opérations navales de 1805 se font sur fond de changements politiques puisque l’Angleterre signe un traité d’alliance avec la Russie en avril.

Villeneuve joue plusieurs fois de malchance mais finit en juillet par joindre l’escadre au Ferrol, après avoir échappé à Nelson qui le croit en Méditerranée. Il rencontre en route l’escadre de l’amiral Calder venu l’intercepter et après des combats hasardeux de part et d’autre, au soir du 22 juillet, parvient à échapper à l’ennemi. Il part rejoindre le Ferrol après avoir atermoyé longuement avec une flotte appauvrie par les combats, deux vaisseaux en moins prisonniers des Britanniques, pendant que Calder rentre en Angleterre où il passera en cour martiale pour n’avoir pas poursuivi l’ennemi. La bataille des Quinze – Vingt est un coup dur pour Villeneuve, qui arrive à Cadix au mois d’août pour remettre ses bateaux en état. Entretemps il a raté la jonction avec l’escadre de Rochefort et Napoléon ayant appris son arrivée à Cadix, le rend responsable de l’échec de son plan « infaillible ». Dès lors le sort de l’amiral est scellé, puisque Napoléon décide de le remplacer par Rosily, à l’insu même de l’intéressé. Il demande à son ministre Decrès de l’envoyer à Toulon en précisant qu’il sera « trop lâche pour affronter les Anglais » alors qu’il s’est battu bravement contre eux un mois auparavant…

Début octobre, Villeneuve est à Cadix et Rosily se prépare à le relever. Les escadres de Nelson et Cornwallis sont devant Cadix depuis le 28 septembre. Villeneuve averti de l’arrivée de son successeur, comprend qu’il est disgracié et décide contre toutes les suppositions de l’Empereur de sortir de la rade et d’appareiller le 19 octobre. Deux jours plus tard, il rencontre Nelson…. 

Quant à la flottille, une partie est désarmée : il faut transférer les équipages sur les vaisseaux pour les opérations navales. L’Empereur continue de réorganiser sans fin ses divisions et s’agite dans tous les sens : organiser des exercices d’embarquement et de débarquement du canon et des chevaux, décider des régiments à embarquer et sur quels bateaux. Finalement, au 19 août, la flottille comprendra 2 365 bâtiments de toutes espèces, embarquant 172 183 hommes dont les équipages et presque 10 000 chevaux. 

Forfait est en disgrâce, et est envoyé par Decrès à Gênes dont il devient préfet maritime pour à peine quelques mois.

Le 26 août 1805, la décision est prise, après les multiples changements politiques induits par la troisième Coalition, de lever le Camp de Boulogne, et de partir en Autriche avec « la Grande Armée ». Le désastre de Trafalgar le 21 octobre a lieu pendant que les troupes de la Grande Armée avancent à marche forcée vers l’Autriche, et signe le glas de tout espoir d’invasion de l’Angleterre.